Soirée spéciale « Histoire(s) de Palestine(s) » à Tulle le 6 mars

Publié le par anonyme

nous vous convions à cette soirée organisée par peuple et Culture , dont nous sommes partenaires, qui se déroule le 6 mars à Tulle
Jeudi 6 mars - 18h

Salle Latreille - Tulle

Deux films de réalisateurs palestiniens

Une programmation conçue par Manée Teyssandier et Federico Rossin en leur présence.


En partenariat avec Le Mouvement de la Paix, LFI et Limousin Palestine
Le cinéma ne change pas le monde, mais il peut donner envie de le changer, et il peut devenir une archive pour l’avenir : c’est ce jeu des possibles que nous vous proposons avec cette double séance composée de deux parmi les plus beaux fruits du cinéma palestinien. Des fruits de paix, pas de guerre. Des fruits pour conjurer l’effacement, la perte, la mort : pour résister à la destruction d’une histoire, d’une identité, d’une culture. Le Conte des trois diamants de Michel Khleifi (1994), tourné à Gaza et dont les images sont aujourd’hui comme les archives d’un territoire disparu, effacé de la carte, et Intervention divine d’Elia Suleiman (2002), où le réalisateur met en scène avec poésie et un immense humour corrosif, la difficulté d’être Palestinien.
18h
« Intervention divine » (Yadon ilaheyya) d’Elia Suleiman (2002 - 92')

« Je suis fou parce que je t’aime »... dit le héros de ce film en guerre, qui pourrait aussi bien englober dans sa déclaration enflammée sa fiancée, son père, sa mère, sa patrie, la Palestine et pourquoi pas... Israël... Suleiman le pacifiste se bat avec une férocité terrible, mais ses armes sont celles de l’esprit, de l’humour, du burlesque, de l’intelligence, de la poésie. Suleiman déclare la guerre à tous les fascismes du monde, mais n’oublie pas une seconde qu’il est Palestinien jusqu’au trognon, et sous l’humour pointent les ravages d’un désespoir qui n’est pas près de s’apaiser ... Suleiman n’est pas un calme, même si son visage a la placidité de celui de Buster Keaton. Suleiman est un utopiste d’une lucidité fracassante. Suleiman est un fou d’une sagesse extraordinaire.
Deux amants s’aimaient d’amour tendre... Elle est Palestinienne et vit à Ramallah, il est Palestinien et vit à Jérusalem. La situation étant ce qu’elle est, aucun des deux ne peut franchir le poste de contrôle israélien, et leur seule possibilité de rencontre est le parking juste à côté du check point. L’homme (Elia Suleiman lui même) évolue entre son père malade dans un Nazareth en folie, et cet amour inconfortable. Vie impossible, frustrations permanentes... Le désir de plus en plus furieux et complice des amants va engendrer des événements d’une apocalyptique drôlerie, une revanche fantasmée à la virtuosité étourdissante... Il est impensable de raconter un film aussi furieusement original, tellement son comique, très visuel, réside dans l’articulation de chaque situation, dans leur décalage, leur rythme.
« J’espère qu’aimer un film comme celui-ci peut amener chacun à rechercher la petite part de fascisme qu’il porte en lui-même, et pas seulement à dénoncer le fascisme israélien, aujourd’hui si évident que c’en est obscène de le dire. ».

- Vous ne seriez pas farouchement palestinien, on pourrait se dire que vos films sont un fleuron d’humour juif.
- Absolument. L’humour n’est pas réservé aux juifs et je n’ai pas étudié avec un rabbin, mais le fait est que l’expérience que je raconte pour moi-même – du nomadisme et de l’exil – est au siècle dernier d’abord l’apanage du peuple juif. Et ma position éthique et morale vis-à-vis du monde doit beaucoup à Walter Benjamin ou à Primo Levi. En fait, je pense que, malheureusement, la plus grande partie de la société israélienne a oublié sa judéité et ses préceptes. Il n’y a rien de juif dans le fait de porter des armes et de faire de la conquête du pouvoir un enjeu.


Extrait d’un entretien avec Elie Suleiman par Laurent Carpentier - Le Monde, 25 mai 2019, lors de la sortie du film au Festival de Cannes

Photogramme du film « Intervention divine »
20h : Repas partagé
20h30
« Conte des trois diamants » (Hikayat al-Jawahir al-Thalath) de Michel Khleifi (1995 - 108')

« Le beau Youssef, onze ans, aime la belle Aïda. Pour conquérir cette jeune « gitane », il lui faut partir en Amérique du Sud à la recherche des trois diamants manquants d’un vieux collier familial, avec l’aide de son ami Salah. Mais le vert paradis des amours débutantes s’apparente ici à un enfer rouge de sang. Car ces enfants, mis en scène par le réalisateur palestinien Michel Khleifi, vivent à Gaza, en pleine Intifada. Comment le conte pourrait-il suivre le cours normal de la fiction dans la réalité oppressante de l’occupation ? Camps de réfugiés boueux, bidonvilles aux murs de bidons, barbelés omniprésents, couvre-feu, jeeps bourrées de soldats israéliens passant et repassant dans la poussière, explosions de grenades lacrymogènes, tirs tendus, le tout sous le rugissement assourdissant des avions de l’armée israélienne... […] Conte des trois diamants représente une nouvelle touche au tableau de la société palestinienne que Michel Khleifi peint avec talent et courage depuis plus de quinze ans, de La Mémoire fertile au Cantique des pierres en passant par Noces en Galilée. Ce film mérite le plus large public. Pour l’entrecroisement stimulant de l’imaginaire oriental et du récit presque documentaire. « Intégrer la mémoire et l’imaginaire à la vie réelle, dit Michel Khleifi, c’est mettre fin à la schizophrénie de l’individu. » Pour ses images, violentes et belles à la fois, qui font découvrir un Gaza souvent méconnu. Pour l’émotion vraie que savent éveiller les enfants (Mohammad Nahdal, Hanna Nemeh et Ghassan Abu Libda). Et pour la leçon qui s’en dégage en contrepoint, tant la barbarie de l’occupation paraît déjà appartenir au passé : même piégée, la paix est précieuse..."
Dominique Vidal, Le Monde diplomatique, Janvier 1996
 

Photogramme du film « Contes des trois diamants »

Publié dans Palestine

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